Participation à la ligne de recherche « Design social, nouvelles formes de convivialité » portée par l’École Supérieure d’Art et de Design de Valenciennes.
Depuis quelques années et partout dans le monde, se développe en effet un design résolument « social » qui propose des alternatives au système de production et de consommation de masse, notamment à travers des projets de partage des savoirs, de mutualisation des outils, de réciprocité des échanges et des services, de transformation de l’espace public et de l’action commune.
Si la vocation sociale du design n’est pas nouvelle, dans la mesure où l’utopie sociale et politique a effectivement marqué le rapport du design à l’industrie depuis William Morris ; avec l’influence de la contre-culture américaine, de la critique post-marxiste et surtout des mouvements sociaux et participatifs issus de la révolution numérique, le design cherche davantage aujourd’hui à faire du social un « matériau » d’expérimentation et une « force » de transformation. Il s’agit alors d’ouvrir l’ensemble du processus de design, de la conception à la production, de l’utilisation au recyclage, à l’implication directe des individus, qui ne sont plus seulement des techniciens, des fournisseurs, des investisseurs et des usagers, mais des citoyens créateurs de leur milieu de vie et d’existence.
Centré sur le partage, la participation et l’autonomie, cette pratique du design à vocation sociale remet donc en question non seulement ses propres finalités, mais aussi toutes les dimensions de l’activité du designer : son métier, ses outils, ses partenaires, ses méthodes, son espace et son temps d’intervention. Il en résulte à la fois une relativisation et une extension du design, à tel point qu’il semble nécessaire de le repenser.
L’ouvrage « L’appartement : une métaphore du monde » réunit le catalogue de l’exposition éponyme du LabLabanque (Béthune) ainsi qu’une sélection de textes tirés des colloques qui ont eu lieu autour de la thématique. J’y participe avec un texte concernant les nouvelles formes de convivialité illustré par le projet Verres Communicants.
Il est intéressant de réfléchir aux contradictions de l’ordinaire dans l’espace domestique. En effet, le monde de la vie quotidienne est fait de stéréotypes répétitifs, de tâches ennuyeuses et en même temps il est susceptible de multiples variations, changements. Mais ces choses imprévues se produisent le plus souvent de manière imperceptible. Nous devons donc faire très attention pour être conscients d’eux. C’est pourquoi beaucoup d’artistes (en art, musique, danse, théâtre ou littérature,…) utilisent des codes ordinaires pour réinventer le banal, dans le but de le voir autrement. Ou simplement pour le «regarder» au lieu de le «voir».
Jetons un œil sur l’espace domestique, le temps et les objets. L’espace est un mélange entre structuration universelle et basique et appropriation personnelle. Entre commun et privé. Le temps est cyclique, nous le savons, et c’est en partie ce qui définit le quotidien. La répétition provoque des gestes automatiques. Les objets sont de plus en plus fonctionnels, c’est-à-dire qu’ils sont conçus pour une seule fonction. Nous n’avons pas le choix de les utiliser. La principale observation est que toutes ces caractéristiques influencent la manière dont nous agissons. Nous sommes comme étouffés dans nos habitudes, nos espaces et nos gestes.
Comment s’en débarrasser ?
Pourquoi les artistes s’intéressent-ils à la prise de conscience du quotidien ?
Et quelles stratégies utilisent-ils ?
Lançons des pistes, faisons un parallèle entre le mot «domestique» et son verbe «domestiquer». Peut-être que cette réflexion pourrait nous éclairer sur les intentions de ce texte. Domestiquer, c’est rendre quelque chose domestique. Comme un animal de compagnie par exemple. C’est en quelque sorte apprivoiser. Le domestique est tout ce qui est attaché à la maison. Bien connu, nous n’avons pas à l’apprivoiser. Or, il y a beaucoup d’inconnus dans notre vie quotidienne. Le simple fait de le pratiquer par habitude nous rend aveugles à certaines de ses subtilités. Je pense qu’il y a beaucoup à apprendre dans l’observation de notre vie domestique. Je devrais dire son observation active et consciente. Et il y a beaucoup à apprendre pour le recréer, en faire son propre domaine et en prendre le contrôle.
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