Le projet L’herbier artificiel est une recherche prospective, qui vise à créer une collection botanique de modèles de plantes fictives, questionnant les rapports et paradoxes entre l’artificiel et le naturel. Le Marais Poitevin constitue mon terrain d’exploration. Ce territoire entièrement façonné par l’Homme au fil des siècles est néanmoins exceptionnel quant à la biodiversité qui le caractérise. Les sculptures créées, inspirées de cet écosystème, reproductions en volume de végétaux agrandis, formeront un ensemble mettant en valeur les patrimoines écologique et artisanal de ce territoire spécifique. Les plantes imaginées seront conçues sur la base de scénarios fictifs et prospectifs de modification de l’écosystème du marais poitevin. De ces scénarios découleront des plantes qui auront développé des stratégies adaptatives face à ces nouveaux milieux. Leur conception se basera sur les règles de la génétique et de l’épigénétique, mais en s’affranchissant de la question du réalisme.
Une première phase d’immersion me permettra d’aller à l’exploration du territoire, d’identifier les plantes et de m’acculturer à leur taxonomie, d’en sélectionner des spécimens remarquables au regard de leurs caractéristiques formelles ou fonctionnelles (couleurs, formes, matières, textures, interaction avec leur environnement, etc.). Le Parc Naturel Régional du Marais Poitevin propose d’accompagner cette étape par un apport technique et scientifique.
Enfin, le projet pourrait prendre deux formes possibles : La réalisation de modèles physiques (sculptures) en collaboration avec une brosserie (fabrique de brosses et pinceaux) à Niort. A l’instar des modèles Brendel – représentations scientifiques et didactiques de plantes en papier mâché – les sujets de l’Herbier Artificiel seraient constitués de fibres naturelles mais aussi artificielles, en utilisant les techniques et savoir-faire de la brosserie (implantation de touffes dans un corps, travail de matières, de textures). L’application de ces techniques à la réalisation des modèles de plantes agrandies permettra de mettre en valeur les détails de formes et de surfaces des plantes : petits poils, pistils, étamines, etc. Mais également par la réalisation de modèles virtuels paramétriques. Il s’agirait de concevoir une interface de visualisation qui permettrait à l’utilisateur de voir la modification de physionomie d’une plante, en modifiant ses paramètres contextuels évoqués ci-dessus. On verrait donc se transformer sous nos yeux la plante visualisée, la forme de ses feuilles, de sa tige, sa fleur, comme une sorte d’interpolation d’images, en fonction des curseurs paramétriques appliqués.
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